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17 août 2006 4 17 /08 /août /2006 14:01

 

Carl Gustav Jung, par Jean-Claude Cartier

Si une psychologie à tendance spiritualiste peut commencer, en cette fin de vingtième siècle, à avoir droit de cité et à offrir une alternative aux psychologies matérialistes, c’est indéniablement grâce au travail d’un pionnier incontesté : Carl Gustav Jung.

 

En faisant toutefois un distinguo très net entre les fonds culturels - et partant, les mentalités - des Orientaux et des Occidentaux, Jung ne trouvait en effet que des similitudes dans les profondeurs. “On ne peut que constater, écrivait-il en 1950, qu’il doit nécessairement exister une disposition qui reste inconsciente pour l’individu et dont l’extension est pour ainsi dire universelle, une disposition donc qui peut en tout temps et en tout lieu produire en principe les mêmes symboles.”

Bien sûr, pour Jung, il était plutôt question d’étudier les mythes et doctrines ésotériques du monde pour en dégager des archétypes et élaborer le concept d’inconscient collectif, que de réaliser effectivement l’Absolu à l’instar des maîtres spirituels orientaux. Si Jung avait été le disciple d’un tel maître réalisé, celui-ci l’aurait progressivement initié au sens non duel et non mental auquel tend le message de la tradition ; mais il s’est évidemment cantonné à une interprétation, certes scientifique, mais relative, de ce message. C’est sans doute la raison pour laquelle Jung intéresse très nettement plus les psy que les spi, et que, même aux yeux de nombreux théologiens ou ésotéristes, son message ne parvient jamais à être tout à fait orthodoxe, pêchant ici par manque d’information, ou là par simplifications abusives. Cela dit, il faut bien se rendre compte que ce qu’il perd au plan des détails, il le gagne dans la synthèse qui, finalement, est seule importante au regard du travail de pionnier de la psychologie transpersonnelle qui fut le sien.

 La rupture

 

Né en Suisse, près de Zürich, en 1875, Carl Gustav Jung, fils de pasteur, fit tout d’abord des études de médecine à Bâle, puis devint l’assistant de Bleuler, pour être enfin médecin-chef de la clinique psychiatrique de l’université.

Mais c’est bien entendu sa rencontre, en 1907, avec Freud dont il deviendra le “disciple bien aimé”, que retiendra l’histoire, et surtout, quelques années plus tard, sa rupture avec le fondateur de la psychanalyse, pour ne pas dire sa trahison lorsque, rebuté par le matérialisme freudien, il créa une nouvelle école de psychologie analytique visant précisément à intégrer toutes ces notions spirituelles que Freud rejetait avec tant de conviction.

Ce que Jung reprochait essentiellement au freudisme, c’était évidemment cette limitation de l’énergie psychique à la seule impulsion sexuelle. Mais, au-delà de ce grief fondamental, la perspective junguienne du psychisme, et notamment de sa partie inconsciente, dépassait très largement le cadre freudien de la personnalité et de sa biographie pour s’ouvrir sur des archétypes appartenant à l’ensemble de l’humanité, des modèles collectifs que Jung retrouvait dans l’alchimie, le Yi King ou dans n’importe quelle doctrine ésotérique ou mythologie du monde. Quant à la spiritualité proprement dite, Jung la concevait comme une fonction naturelle de la psyché, fonction essentielle dont il était par conséquent extrêmement dangereux de ne pas tenir compte.

En fait, pour lui, cette fonction spirituelle n’avait d’autre but que de conscientiser l’archétype fondamental : le soi. Et lorsqu’il utilise le mandala, c’est pour mieux objectiver l’omniprésence de ce soi, à la fois au centre et dans n’importe quel point de la circonférence. Le soi junguien, calqué sur la notion hindouiste de l’atman, correspond donc bien à la totalité de l’homme ; et l’objectif de la psychologie analytique de Jung consiste, en conséquence, à réaliser une individuation de la personne, c’est-à-dire à la conduire au deuil de l’ego divisé, et à l’unifier intérieurement et extérieurement.

Si dans les faits de la pratique thérapeutique quotidienne un tel objectif est naturellement demeuré au niveau du vœu pieux, dans les termes, on était déjà en phase avec la spiritualité orientale. La voie du transpersonnel était, en tous cas, ouverte !

 

 

 

 

 

Le Soi

C’est certainement l’emprunt de cette notion du soi à la philosophie indienne, qui va le plus profondément révolutionner la psychologie occidentale. Pour les Indiens, et plus particulièrement les védantistes, le soi est l’identité ultime, à moins que l’on ne préfère dire qu’Il est l’absence d’identité de la conscience. Ce soi impersonnel est notre réalité la plus intime, notre conscience à l’état pur. Et le moi - en fait le faux moi - n’est qu’un reflet déformé et trompeur de notre vraie nature. Sans intégrer toutes les implications métaphysiques de cette doctrine, Jung récupère néanmoins de quoi réorienter toute l’étiologie des psychopathologies, puisqu’il considère que la maladie psychique est le résultat du refus du moi de se subordonner à la totalité du soi. On retrouve ici cette notion, certes universelle mais si caractéristique du christianisme, de la rébellion de la créature contre son créateur, qui constituera, plus tard, un des concepts clés de la psychanalyse intégrale de Norberto Keppe. Toujours est-il que, depuis 1930, c’est toute l’œuvre de Jung qui sera construite autour de ce rapport conflictuel entre le moi et le soi, même s’il y ajoute, pour mieux se faire comprendre, le langage symbolique issu des mythologies traditionnelles.

Le soi junguien est centre, totalité et finalité de la vie du psychisme humain. Comme dans le mandala, le soi est un centre à la fois vacuum - vide de toute forme - et soleil d’où émane l’énergie que les archétypes vont modeler. Mais il est aussi ce qui contient le conscient et l’inconscient.

En tant que centre, Jung voit le soi comme un ventre maternel, une matrice d’où peuvent naître, bien sûr, toutes sortes de possibilités psychiques et psychothérapeutiques, mais aussi l’enfant divin, l’homme nouveau. Ainsi, le retour sur ce soi-même qu’est le soi est plus proche d’une conversion et d’une seconde naissance, telles que les décrivent les traditions spirituelles, que d’une régression ou d’une anamnèse, propre à la psychanalyse.

 

D’ailleurs, dans la psychologie junguienne comme dans de nombreuses mythologies, le soi va être symbolisé par le paradis, l’or alchimique, le joyau, le trésor caché… Et lorsque le sujet rêvera de ces symboles, il démontrera par là-même son aspiration vers le soi, son besoin de cheminer vers le plus profond de lui-même, et par conséquent d’entrer dans un processus d’individuation, d’unification. Ces rêves, comme la création artistique ou la vie spirituelle, traduisent, selon Jung, l’état d’un organisme psychique servant de régulateur entre le moi et le soi : l’âme. Que cette âme produise du symbole métaphysique, et c’est le signe d’une grande régulation entre le moi et le soi ; mais qu’elle produise de la maladie mentale, et c’est le signe évident d’une grande dérégulation.

L'Orientalisation

 

 

L’orientalisation de Jung ne se borna toutefois pas à reprendre la notion du soi. Dans le temps même où Gandhi soulevait le peuple indien contre l’occupant anglais, Jung assurait ses amis hindous de son soutien et prêchait le rapprochement de l’Occident et de l’Orient. “Que s’est-il passé lorsque Rome a subjugué politiquement le Proche-Orient ?”, s’indignait-il à l’occasion d’une cérémonie en l’honneur du sinologue Richard Wilhelm. “L’esprit de l’Orient est entré dans Rome ! Serait-il impensable qu’il se produise aujourd’hui quelque chose de semblable ?”

Et il est vrai qu’historiquement l’arrivée en Occident des gourous, et la vogue des psychothérapies et de la psychanalyse furent complètement contemporaines. Jusqu’alors, seules la religion chrétienne et la philosophie occidentale étaient chargées de prodiguer des conseils touchant à la vie intérieure. Soudain, psy et yogis imposaient des doctrines extrêmement dépaysantes et frappantes pour l’opinion publique qui ne manqua naturellement pas d’associer ces deux approches. Certains psy, eux-mêmes, se penchèrent sur les textes védiques et sur le Yoga ; pendant que des yogis, comme Swami Prajnanpad, s’intéressèrent vivement à la psychologie occidentale.

Ainsi, déjà bien avant que Jung ne se préoccupe d’orientalisme, le rapprochement spi-psy était entamé, notamment dans The Yoga system and psychoanalysis, de F.-I. Winter, où l’auteur établissait clairement un parallèle entre les Yoga Sutras de Patanjali et la psychanalyse. Le comte Hermann Keyserling, lui aussi, était un chantre du rapprochement entre le yoga et la psychanalyse, écrivant dans son Journal de voyage d’un philosophe : “Plus nous allons, plus nos façons de voir se rapprochent de celles des hindous. Pas à pas, la recherche psychologique confirme les affirmations de la science de l’âme de l’Inde antique."

Nul doute que ces points de vue n’aient largement contribué à l’orientalisation de la pensée de Jung ; mais c’est en définitive sa rencontre, dans les années 20, avec Richard Wilhelm qui fut décisive en la matière. Leur collaboration sur Le Mystère de la fleur d’or, un texte alchimique chinois classique, constitua pour Jung son tout premier travail de psychologie comparée entre Orient et Occident, à la suite duquel il se passionna non seulement pour le taoïsme et le Zen, mais aussi pour l’hindouisme, rencontrant les personnalités les plus éminentes de la pensée orientale de l’époque, comme Wilhelm Hauer, Heinrich Zimmer, Walter Evans-Wentz et Daisetz Suzuki…

la Chine à l’Inde

Bien que d’aucuns pourront trouver des similitudes extrêmes entre certaines doctrines chinoises et indiennes, comme par exemple entre le Tch’an et le Vedanta, pour Jung, la Chine et l’Inde devaient jouer deux rôles essentiellement différents dans la structuration de sa psychologie. En deux mots, il doit à l’Inde la notion de soi, et à la Chine celle de synchronicité.

Plus précisément, Jung était positivement fasciné par la culture spirituelle indienne, et notamment par le védisme qu’il avait sans doute plus approfondi que le vedanta. Les comparaisons auxquelles il se livrait entre la connaissance qu’avait l’Européen moyen de l’univers intérieur, et ce que le yoga et les rites hindouistes apportaient en matière de science de l’âme aux Indiens, ne pouvaient évidemment que plaider en faveur de l’Inde. Ce pays lui apparaissait indéniablement comme le plus avancé qui soit au monde en matière d’analyse de la psyché et d’utilisation de la fonction transcendante du symbole ; et c’est pour cette raison qu’il consacra de si nombreux articles au yoga et au tantrisme, à une époque où les Occidentaux ne voyaient dans ces disciplines que des techniques de fakirs.

La Chine , quant à elle, devait lui apporter un dépaysement culturel radical qui favorisa grandement sa découverte du psychisme humain. Ce qu’il retint surtout de la philosophie chinoise fut “le caractère paradoxal et la polarité des êtres vivants."

 

C’est avant tout dans le Yi King qu’il trouve cette science de la complémentarité, et plus exactement dans ces descriptions “du yang atteignant sa force la plus grande pendant que le yin croît à l’intérieur de lui”. Ce jeu des polarités ne peut qu’inspirer à Jung un modèle psychologique d’une grande souplesse grâce auquel pourront enfin s’expliquer ces cas de patients dont l’inconscient (yin) réagit soudain par une crise névrotique inattendue au moment même où le conscient (yang) est au plus haut de sa forme et en pleine possession de ses moyens.

Mais, comme on le sait, le Yi King, c’est aussi le livre des mutations. Et Jung, passionné par cette figuration chinoise des évolutions, y puisa un concept clé de sa psychologie : le “dépassement” des conflits intérieurs. Pour lui, en effet, les problèmes psychologiques graves restent insolubles, dans la mesure où ce n’est évidemment pas le moi limité et fractionné qui saurait jamais les résoudre. En revanche, ils peuvent être dépassés, puisque ce moi semble tout de même capable d’accepter de laisser agir le soi en lui. Et c’est ici toute la sagesse, chinoise et universelle, du wou-wei, du non-agir, que Jung veut réactualiser. “Dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir”, affirme-t-il, ouvrant ainsi la voie à la notion d’autoguérison psychique qui sera par la suite si chère à Grof.

 

 

 

 

 

Enfin, le Yi King, par son mode opératoire même, lui révèle l’existence d’un phénomène qui restera essentiel dans la vision junguienne : la synchronicité. Tout le monde connaît l’anecdote du scarabée heurtant la vitre du cabinet de Jung au moment même où sa patiente lui confiait qu’elle avait rêvé d’un scarabée d’or, symbole de renaissance. Cette émergence brutale de l’irrationnel frappa Jung qui y vit une coïncidence signifiante qu’il nomma synchronicité.

Or, le Yi King est un outil de divination utilisant des tiges, ou à défaut des pièces de monnaie, qui, selon la façon dont elles sont tirées, indiquent une succession d’hexagrammes censés représenter la situation actuelle et à venir du tireur. Bref, là aussi, il y a synchronicité. C’est ainsi, qu’armé de ce modèle exceptionnel qu’il voyait dans le Yi King, Jung va bâtir son hypothèse de la synchronicité, annonçant par là-même le paradigme holistique à venir.

Octobre 2000, Jean-Claude Cartier, http://www.buddhaline.net/

La cire et l'eau chaude : l'influence de tout début

Une métaphore sur la trace que laisse une première impression.

Imaginez un récipient contenant une épaisse couche de cire froide, durcie, dont la surface est tout à fait plate et lisse. Vous prenez une cruche remplie d’eau chaude et vous en répandez un peu sur la cire. L’eau peut librement glisser où elle veut sur cette surface vierge. Mais, étant chaude, à peine entre-t-elle en contact avec la cire que l’eau en fait fondre le dessus, y imprimant une empreinte peu profonde, comme un skieur dans de la neige poudreuse. Désormais, la cire présente un léger creux, l’eau chaude ayant tracé un chemin pareil au lit d’une rivière. Si, maintenant, vous répandez à nouveau un peu d’eau chaude dans le même récipient, que va-t-il se produire ? Où qu’elle tombe en premier, l’eau - moins libre que la première fois - va rejoindre la trace antérieure qui va dès lors guider son écoulement et s’approfondir un peu. Plus vous versez d’eau, plus la même trace se creuse encore davantage, ne permettant plus à l’eau d’emprunter un autre chemin que celui déjà tracé. [1]

Que dit cette allégorie ? Qu’une première empreinte, une première impression (dans tous les sens du terme) laisse une trace qui influence fortement les empreintes suivantes. N’est-ce pas ainsi que se forment les ruisseaux, les rivières, les fleuves et aussi les canyons ?…  Peut-on changer de telles empreintes, une fois qu’elles existent ? Oui, puisque les hommes sont bien parvenus à modifier le cours de vastes fleuves. Mais plus la trace est profonde, plus les moyens qu’il faut employer sont considérables.

 

Une bonne première impression

Le principe de cette métaphore de la cire et de l’eau chaude s’observe sous de multiples formes au niveau humain. C’est, par exemple, la première impression que nous fait quelqu’un : elle inscrit en nous un cliché qui influence les rencontres suivantes et qu’il est bien difficile d’effacer si elle s’avère erronée. C’est aussi, dans la musique, l’impression que grave le premier déchiffrage d’une partition : toute erreur commise lors de cette première tend à se répéter par la suite, d’où l’importance d’une première exécution lente et précise. C’est encore la première réunion d’une entreprise, les premiers documents (logos, textes) qui incarnent son image, les publicités qu’elle diffuse : tout ce qui va créer les premières empreintes internes et externes, qui seront ensuite difficiles à modifier.

De manière plus générale, on devine l’importance de cette image dans tout ce qui touche à l’éducation et à l’apprentissage, qu’il s’agisse du sport, du bricolage, de la conduite automobile, de l’exécution de gestes professionnels ou encore de l’utilisation de logiciels, etc. L’énergie dépensée à corriger quelque chose qui a été mal appris au départ est maintes fois supérieure à celle que prend le surcroît d’attention et de conscience nécessaire à effectuer quelque chose de manière juste [2] la toute première fois. A vouloir aller trop vite au début, on ralentit considérablement l’obtention du résultat désiré.

Vaincre l’inertie d’habitudes contre-productives

 

Cette allégorie enseigne aussi que nombre de nos actes ne sont pas le résultat d’un choix conscient et éclairé, mais simplement celui de l’habitude qui nous fait emprunter machinalement les parcours les plus usités, même quand ils sont complètement obsolètes.

Par exemple : j’écris ces lignes sur le clavier français « AZERTY » de mon ordinateur, conçu à l’époque des premières machines à écrire mécaniques. En ce temps-là, la disposition des lettres sur ce clavier devait notamment prévenir deux inconvénients : d’une part que plusieurs touches se coincent l’une contre l’autre au moment de la frappe ; d’autre part qu’une touche perce le papier si elle était frappée par un doigt trop fort. Donc, pour résoudre cette double équation, les lettres ont été réparties sur le clavier de façon à ralentir au maximum la frappe et à limiter l’usage des doigts les plus agiles et les plus forts !

Aujourd’hui, à l’heure de l’électronique et des touches hypersensibles, nous continuons d’écrire sur des claviers conçus pour ralentir la frappe et faire travailler les doigts les moins agiles !… Pourtant, un inventeur a étudié l’occurrence de chacune des lettres de l’alphabet dans la langue française et il a conçu un clavier répartissant celles-ci pour atteindre la frappe la plus rapide : il a ainsi obtenu jusqu’à 30% (!) de gain d’efficacité chez des dactylos professionnelles. Mais l’inertie et l’habitude, c’est-à-dire la trace inscrite depuis plus d’un siècle dans la cire de nos claviers, fait que l’on continue de produire massivement des ordinateurs ultramodernes équipés de claviers préhistoriques.

Tout remettre en question pour sortir des ornières

Dans une entreprise, dans son activité professionnelle, combien de choses fait-on de la sorte, sans jamais y avoir vraiment réfléchi ? Combien de gestes et d’habitudes continue-t-on de perpétuer alors qu’ils n’ont peut-être plus aucune pertinence aujourd’hui ?

La métaphore de ce chapitre est donc une invitation à observer dans sa propre cire – sa vie, ses habitudes -  ce qui est le résultat de choix conscients que l’on continue d’approuver aujourd’hui, ce qui a été inconsciemment hérité du passé (culture d’entreprise, habitudes professionnelles, us et coutumes), et enfin ce que l’on a mis volontairement en place mais qui n’a désormais plus sa pertinence aujourd’hui. Pour ce faire, il est nécessaire de porter régulièrement un regard neuf sur ce qu’on a sous les yeux tous les jours. De ne rien prendre pour acquis. De rester curieux. De remettre l’évidence en question. « Malheur à l’homme qui, au moins une fois dans sa vie, n’a pas tout remis en question », dit Blaise Pascal. Tout : ses idées, ses a priori, son savoir, ses habitudes. Ne laisser aucun bloc de cire, aucun moule continuer de nous influencer sans s’être interrogé sur son origine, sa valeur, son utilité.

Attention : il ne s’agit pas de changer pour changer. Nombre d’habitudes ont leur raison d’être. Dans ce cas, la remise en question permet d’en prendre conscience, de les faire vraiment siennes, d’en faire des choix délibérés et conscients, et non plus des réflexes, des habitudes sans vie.

On notera pour  conclure que la plupart des grandes inventions proviennent de gens qui ont su s’étonner devant ce que tous les autres trouvaient normal ou ne voyaient même plus. En revenant d’une marche dans les champs, on a tous une fois retiré de ses chaussettes ces petites boulettes vertes qui s’y accrochent, sans y penser. Celui qui y a pris le temps de se demander pourquoi ces boulettes s’agrippaient si bien, a inventé le Welcro et a fait fortune.

Olivier Clerc


[1] Cette image est tirée des ouvrages d’Edward de Bono : Lateral thinking, Serious creativity, Five-day course in thinking ou encore  Why so stupid ?

[2] « Juste » et non pas parfaite : le perfectionnement vient avec la répétition et l’entraînement. On peut lire une partition juste dès la première fois : mais il faudra la jouer des centaines de fois avant d’atteindre une interprétation réussie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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